Le garant de la biodiversité dans le Loiret se fâche contre les crapauds
Communiqué - 18 janvier 2011
Le premier vice-président du Conseil général, Antoine Carré, est chargé de piloter la sauvegarde des zones « Natura 2000 ». Malgré cela, il vient à nouveau de s’illustrer par des propos très critiques envers les lois qui préservent notre environnement.
Dans le cadre de la zone d’aménagement concertée de Saran dont le département assure la maîtrise d’ouvrage sous la dénomination pompeuse de « Portes du Loiret Sud », le code de l’environnement impose de sauvegarder les espèces qui vivent dans les zones humides détruites. Dans le cas de cette vaste zone qui comprend le futur hôpital privé de l’agglomération, grand bénéficiaire de l’opération, le respect de l’environnement consiste à recréer un habitat approprié pour une espèce menacée de batracien. Cela est insupportable à M Carré qui, délaissant les safaris en Afrique, se veut le pourfendeur des crapauds de Saran.
M Carré fait probablement partie des ultralibéraux de l’UMP qui ne supportent pas que la loi réfrène leurs ardeurs de constructeurs effrénés. Pourtant, des scandales comme celui de l’amiante ou du Médiator démontrent qu’il faut appliquer le principe de précaution avec beaucoup de rigueur. C’est particulièrement le cas lorsqu’il s’agit de notre environnement, un domaine où respecter la réglementation paraît encore plus insupportable à M Carré.
Alors que vient de s’achever l’année mondiale de la biodiversité, la plupart des citoyens ont pris conscience de l’enjeu majeur que constitue la chute massive du nombre d’espèces vivant sur notre planète. Au-delà de la richesse des émotions que nous offre la nature, la biodiversité assure les équilibres essentiels pour nos productions agricoles, notre santé, notre alimentation, notre économie : 40% de celle-ci repose sur les services gratuits que nous rend la nature, or 60% de ces services sont en déclin ! Par exemple, la disparition des abeilles et ses conséquences pour la pollinisation des cultures met en évidence les ressources habituellement invisibles que nous procure le monde du vivant.
L’Union européenne et la France ont adopté des mesures pour lutter contre la perte de biodiversité, en particulier dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Par exemple, l’urbanisation à outrance a un impact considérable sur notre territoire : au rythme actuel, c’est la superficie d’un département entier qui est « bétonnée » tous les sept ans, souvent au détriment des meilleures terres cultivables. C’est pour cela que la loi française prévoit des compensations lorsque nos projets empiètent sur les milieux naturels. C’est pour des raisons similaires que l’Union européenne impose depuis 1992 la directive « habitats » qui exige l’absence d’effets significatifs d'un projet sur les sites classés « Natura 2000 ».
Or c’est précisément le Conseil général qui est chargé d’appliquer cette mesure dans le Loiret et c’est à M Carré qu’il a confié cette mission. S’il persistait à afficher un tel mépris pour le vivant et à dénigrer le principe de précaution, principe inscrit dans la Constitution française, nous ne comprendrions pas que M Carré conserve la présidence du comité de pilotage des zones Natura 2000 du Loiret.
Jean-Sébastien Herpin, membre du bureau du conseil fédéral d’EELV
Pascale Rossler, Vice-Présidente de la région Centre en charge de la biodiversité
Thierry Soler, conseiller général du Loiret