Poésie : A lire Aurélien Carton
Voici donc le recueil d'un jeune poète qui écrit depuis l'âge de treize ans. Son univers magique est empreint d'un quotidien à la fois mystérieux et réaliste, regorgeant de couleurs, des plus tendres aux plus sombres, parfois à la lisière du morbide.
Chez l'Harmattan : Esquisse D'Incertain
Pour vous donnez envie d'acheter son livre, en voici en extrait, un de ses poëmes :
Myosette
La famille est un mot que l’on crache le dimanche
Entre deux réjouissances du journal de treize heures
Des couteaux émoussés et du bonheur en tranches
Sur la table il y a un chandelier en pleurs
Des fourchettes fuyantes Des verres silencieux
Une carafe remplie du sable des secrets
Des assiettes garnies de souvenirs précieux
Et des serviettes blanches d’ombres et de regrets
Et nous restons fixés au tube cathodique
C’est un malentendu si nos regards se croisent
Nos pupilles se drapent d’un hymne nostalgique
Et tout en mastiquant trois inconnus se toisent
On a fini Maman se dirige vers l’évier
En se tenant les reins de ses phalanges ridées
Papa vient d’allumer sa dernière cigarette
Comme à mon habitude je vais coucher Myosette
Dans l’escalier déjà elle réclame une histoire
Petite sœur curieuse aux yeux du désespoir
Je l’embrasse sur le front avant de la border
Elle le sait je ne peux vraiment rien raconter
Je redescends bien sûr la télé marche encore
Et maman qui termine d’essuyer la vaisselle
Papa dans son fauteuil qui écoute la mort
Et Manitou le chat qui griffe son écuelle
Et nous nous sentirons un peu tous obligés
Avant que toute envie de nos cœurs s’écarte
Sur la table familiale d’une parfaite propreté
D’exécuter le temps d’une partie de cartes
Dans sa chambre Myosette écrira aux étoiles
Humectant de ses larmes une plume d’édredon
La symphonie des songes écartera son voile
Triste petite sœur Tendre déflagration
Et nous pourrons gueuler sur les règles du jeu
Nous pourrons déverser tous nos ressentiments
Papa dira p’tit con je répondrais p’tit vieux
Et nous désignerons comme arbitre maman
Nous nous embrasserons tout après la partie
En nous imaginant quelque complicité
Nous nous transformerons en une famille unie
Le temps d’un sentiment violemment murmuré
Et Manitou viendra ronronner sans passion
En posant ses rayures au bord de la fenêtre
D’une grande boîte à mirages on tournera le bouton
Pour ne pas se parler pour s’oublier peut-être
Il y aura la brioche et les tasses de café
Et les applaudissements de Monsieur Jack Pantin
Dans la grande émission Dimanche et vérités
Retransmise sur les ondes d’un lundi incertain
Dehors un vent muet de feuilles et de frimas
Aux bourgeons de la pluie donnera la réplique
Et nous ignorerons la branche de mica
De l’Arbre pourrissant Saule généalogique
Les congratulations et les rires achevés
L’après-midi mourante sonnera mon départ
Et avant que les anges ne trouvent la vérité
Myosette s’inventera elle-même son histoire
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